Qu’est-ce que la clause nonobstant ?

La clause nonobstant fait partie d’une révision de 1982 du droit constitutionnel canadien qui permet l’adoption de nouvelles lois, pour des périodes allant jusqu’à cinq ans, qui ne sont pas spécifiquement conformes aux libertés fondamentales canadiennes. La controverse sur l’utilisation de la clause nonobstant s’est accentuée en 1988-1989, lorsque la Cour suprême du Canada a dû entendre une cause portant sur le projet de loi 101 du Québec sur la Charte de la langue française. Les pouvoirs de dérogation législative tels que la clause nonobstant qui limitent les droits constitutionnels fondamentaux sont un développement unique au Canada qui n’avait aucun reflet contemporain dans d’autres lois démocratiques occidentales ou déclarations internationales sur les droits de la personne à l’époque, bien que les dispositions des lois israélienne et australienne y soient maintenant parallèles dans une certaine mesure. .

Officiellement, la Charte canadienne des droits et libertés promulguée en 1982 est la loi canadienne spécifique qui contient la clause nonobstant, énumérée à l’article 33, partie I. Les éléments du droit constitutionnel canadien que la clause a le potentiel de déroger sont énumérés à l’article 33. Il s’agit notamment des libertés fondamentales telles que la liberté d’expression, la liberté de réunion et les droits à l’égalité tels qu’énumérés dans la section 2 de la section 33, et les droits juridiques et à l’égalité dans les sections 7 à 15 de la section 33, qui incluent le droit à la vie, à la liberté, et la sécurité de la personne ; l’absence d’arrestation arbitraire; etc.

La controverse entourant l’adoption de la clause nonobstant de l’article 33 était vive au moment de sa mise en œuvre et continue de l’être. L’acceptation formelle par toutes les provinces a eu lieu à l’exception du Québec. La clause nonobstant a obtenu sa définition finale lors d’une réunion informelle connue sous le nom d’Accord de cuisine, au cours de laquelle le ministre canadien de la Justice et deux ministres provinciaux se sont rencontrés dans une cuisine du Centre national de conférences à Ottawa pour discuter du libellé du compromis final. Ils ont travaillé avec différents premiers ministres de cette rencontre pour parvenir à une entente, alors que le premier ministre du Québec de l’époque, René Lévesque, était notamment absent. Plus tard, il a publiquement refusé d’accepter l’accord Kitchen Accord, et le gouvernement du Québec a rapidement emboîté le pas, mais c’est quand même devenu une loi nationale canadienne.

Des opinions équilibrées sur la clause nonobstant la considéraient comme un compromis entre la protection des droits des institutions provinciales et la protection des droits des particuliers canadiens. La plupart des provinces et territoires canadiens n’ont pas invoqué le pouvoir de dérogation de la clause nonobstant, et cela est en partie dû à la tentative du Québec en 1989 de l’utiliser dans le projet de loi 101 pour maintenir une politique de restriction des affiches commerciales à être affichées au Québec uniquement en français. Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a considéré de telles actions comme discriminatoires en 1993, et le Québec a par la suite révoqué l’autorité de la clause nonobstant de sa version de la Charte canadienne des droits et libertés.

L’utilisation de la clause nonobstant en est venue à être considérée comme politiquement coûteuse, mais elle fait toujours partie du droit constitutionnel canadien. Un exemple clé où la disposition de la clause nonobstant a été refusée en tant que droit provincial a été la décision du Parlement canadien au niveau fédéral en 2005 de soutenir les droits des couples homosexuels en union civile. Passer outre toute intention provinciale de se soustraire à une telle législation en invoquant la clause nonobstant a été une victoire pour les unions civiles entre personnes de même sexe au Canada.