À un moment donné de l’histoire, le fait d’avoir une dette impayée aurait été considéré comme un motif suffisant d’emprisonnement. Le débiteur serait détenu dans une prison pour débiteurs désignée jusqu’à ce que sa famille puisse satisfaire les demandes du créancier. Une prison pour débiteurs au Moyen Âge était souvent une grande cellule commune où hommes et femmes vivaient dans des conditions insalubres pendant des mois, voire des années, selon le montant de la dette et la capacité de leur famille à réunir l’argent. Certains débiteurs ont été autorisés à régler leurs propres dettes par le travail, mais beaucoup ont été condamnés à rester derrière les barreaux.
Une prison pour débiteurs était également un terrain fertile pour toutes sortes de maladies, qui ont souvent conduit à un certain nombre d’épidémies mortelles bien avant que les dettes ne puissent être intégralement remboursées. Certaines prisons autorisaient de brèves visites de membres de la famille et quelques-unes autorisaient même les débiteurs à vivre à l’extérieur de la prison afin de produire leurs biens ou d’exercer leur métier. Le concept d’une prison pour débiteurs était avant tout de motiver les membres de la famille à éradiquer la dette le plus rapidement possible. L’incarcération du chef de famille offrait une incitation plus que suffisante, mais bien souvent, les familles du débiteur n’avaient pas les compétences ou l’expérience nécessaires pour gérer une entreprise rentable.
La pratique consistant à emprisonner les débiteurs dans une prison sordide a continué pendant plusieurs siècles. Le premier gouvernement des États-Unis a toléré l’établissement d’une prison pour débiteurs jusqu’à l’adoption d’une loi mettant fin à cette pratique en 1833. Le parlement britannique a emboîté le pas en 1869, bien qu’il soit toujours légal d’emprisonner brièvement certains débiteurs qui pouvaient se permettre de rembourser leurs dettes mais ont choisi de ne pas le faire. Seule une poignée de pays dans le monde ont encore désigné des prisons pour les débiteurs pour ceux qui ne peuvent pas rembourser des dettes importantes et n’ont pas la protection juridique de la faillite pour parer aux efforts de recouvrement légal de leurs créanciers.
Certains experts politiques ont suggéré un retour au système pénitentiaire pour débiteurs comme moyen de lutter contre la fraude et la mauvaise gestion des entreprises. Si certains dirigeants d’entreprises en difficulté ou d’autres institutions défaillantes étaient forcés de passer du temps dans une prison pour débiteurs moderne, peut-être auraient-ils une meilleure idée de la gravité de leurs actes et ne seraient-ils pas tentés de commettre de tels méfaits financiers à l’avenir. D’autres citent le nombre croissant de saisies immobilières et de dépôts de bilan personnels comme un indicateur de la nécessité d’une prison pour débiteurs moderne afin d’améliorer la responsabilité financière personnelle.